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CRIMINOCONFLIT
16 décembre 2012

Mali : La force des kalachnikovs : Le capitaine Sanogo, Empereur Octave en puissance ?

A Rome sous l’Empire, Octave, le successeur de Jules César, devenu Auguste, s’est octroyé la judicci publici exercitio, afin de garantir la sécurité des personnes et des biens. Le capitaine Sanogo et sa bande de kalachnikovs en seraient-ils capables face aux terroristes ? That is the question.

Il est très significatif d’observer que la démission forcée de C. Modibo Diarra par le Capitaine Sanogo et sa junte, ressemblerait à la situation d’un avion de Boeing détourné par des terroristes. En évinçant manu militari le chef du gouvernement, la junte militaire ne procède à rien de moins  qu’à un détournement de pouvoir. De facto, criminologiquement, nous sommes in situ dans une figure gravissime de l’insécurité politique.

Trop de militaro-actions, d’ingérences militaroformes, d’insubordinations, nuisent à court et moyen terme à la sécurité globale de l’Etat malien. Il est capital de s’inquiéter : n’y aurait-il pas dialectiquement un risque majeur, infernal, d’effondrement d’une sécurité déjà fragile vers un chaos politique ?

 C’est un truisme de le dire, nous sommes dans des sociétés où il n’y a pas trop de sécurité même en temps de paix. Il n’est donc pas « juste » et « bien » de laisser derechef la porte ouverte aux terroristes islamistes. Le nord du Mali étant abandonné aux bandits et aux terroristes, le sud se croit en sécurité. Mais, pour un observateur lucide, la sécurité est très fragile, car le danger finalement est interne. Aussi longtemps que la junte militaire de Sanogo se croit au dessus du peuple malien et des lois, la capitale n’est pas en sécurité, mais en sursis. Bamako qui constitue le dernier rempart, le dernier bouclier contre l’impérialisme terroriste, a maille à partir avec les insubordinations de la junte. Si les agissements de la junte militaires perdurent, on peut s’attendre en effet à un ras-le-bol des populations qui risqueraient de se braquer contre les militaires, et réclamer légitimement leur droit à la sûreté (art. 2 ddhc 26 août 1789).

 A la lumière du récent du coup de force, point n’est besoin d’être un mage pour comprendre les vrais desseins de Sanogo et de sa bande kalachnikovs. Si au début, ils clamaient haut et fort que leur mutinerie vise la défense et la libération du nord du Mali, les faits de jour en jour prouvent biens qu’il y a une déviation des fins. A la vérité, cette bande de kalachnikovs rusent avec tout le monde. Leur objectif final est de s’accaparer de l’Etat en adoptant la stratégie de l’usure.

Or leur mauvaise stratégie, est justement qu’ils mettent la charrue avant les bœufs. Pour Beaucoup d’esprits qui sont rodés aux mécanismes des coups d’Etat, et des détournements de pouvoir, la règle voudrait que Sanogo et sa bande de kalachnikovs libérassent d’abord le nord du Mali, puis par la suite, ils pouvaient revendiquer et légitimer un tant soit peu leur prétention au pouvoir. Il se pourrait alors, en récompense, que le peuple malien comme aux temps des anciens grecs, chanterait des péans (hymnes de guerre) en leur honneur, érigerait des statues à leurs images.

Par contre, se claquemurer dans le camp de Kati et régenter la vie politique à distance, participe tout bonnement d’une conduite de pirates ou de terroristes.

Les Maliens réclament un Etat et une vraie armée, et non des démonstrations de force. La sécurité est un droit, et un « dû ». L’armée doit la garantir au peuple. En face d’un danger gravissime contre l’Etat, tel le terrorisme islamiste protéiforme, le peuple veut avoir l’assurance que l’armée est capable de la protéger. Se pose dès lors avec gravité la question de savoir si le capitane Sanogo et sa bande sont capables défendre l’Etat malien ?

Pour nous il est évident qu’un excès de pouvoir est néfaste à la sécurité de l’Etat malien. Le pouvoir de Sanogo doit être dirigé contre le danger (les terroristes) et non contre ceux qui gouvernent provisoirement l’Etat et cherchent par tous les voies et moyens de ramener le Mali à une vie constitutionnelle normale. Tant que Sanogo continue de poser des actes qui annihilent le travail des autorités en place, il ne s’éloigne pas de la conduite d’un Néron, ou d’un monarque de l’Ancien régime : arrestations arbitraires, résidence surveillée, perquisitions, menaces etc.

Il y a par ailleurs une manière galante de demander au Peuple d’accorder pleins pouvoir à un tyran au nom des intérêts supérieurs de l’Etat. Le capital Sanogo a manqué de cette subtilité romaine, en s’affrontant militairement aux institutions et à la communauté internationale. Il y a aujourd’hui un « impératif de sécurité » au Mali et dans la sous régionale globalement, qui ne peut plus souffrir des agissements exacerbés de la Junte militaire du Mali. Il faut bien que Sanogo mette un terme à son jeu de trictrac.

On peut avancer sans crainte de se tromper, que, Sanogo et sa bande de kalachnikovs veulent gagner du temps pour truquer les cartes. Peut-être faudrait-il, en désespoir de cause, trouver une autre alternative, via les Gandakoï ou vers le Colonel Gamou refugié au Niger pour délivrer courageusement la République comme le prône Cicéron : « Il faut louer celui qui va au devant de la mort pour la République, puisqu’il convient que notre patrie nous soit plus chère que nous-mêmes. » (Cicéron, Des Biens et des maux, III, E. Bréhier, Les Stoïciens). Il éclate bien aux yeux, que Sanogo n’a pas encore l’étoffe du dictateur (dictator) romain qui surgit lorsqu’il y a un défi militaire, en l’espèce, les attaques terroristes. Etre chef d’une Junte militaire, jusqu’à évincer un président ne signifie pas être compétent pour faire face à un défi militaire. Le dictator romain en revanche est hautement compétent pour régler tout défi militaire et toutes formes de séditions dans l’Etat.

A terme, la conclusion la plus vraisemblable, et j’ose le prophétiser : le capitaine Sanogo et sa bande sont loin d’être les surhommes qui délivreront le Mali de cette bande de terroristes, en se complaisant dans cette position attentiste des soldats de la ligne Maginot. Au sens des droits fondamentaux et des droits de l’homme, on peut de manière iconoclaste considérer l’attitude de la junte militaire comme un « danger » vis-à-vis des libertés, des personnes et de la sécurité. En outre la junte porte atteinte à l’Etat. Quoi qu’il en soit, et quoi qu’il adviendra par la suite au Mali en termes de « béance de la sécurité », la responsabilité de la junte militaire est engagée, en cas de défaillances dans la prise en compte de la sécurité des personnes et des biens.

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