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CRIMINOCONFLIT
23 décembre 2012

Le métier de policier au Niger : faut-il parler de pratiques déviationnistes?

Le philosophe, c’est connu, depuis Socrate est celui qui dérange, qui réveille ses concitoyens, car il pose des questions, là où le commun des mortels a peur, ou n’ose pas s’interroger. Or, s’interroger, c’est justement au sens de Socrate être sur le chemin de la vérité. L’officier de police, ne fait pas autre chose que philosopher, c’est-à-dire : s’interroger, poser des questions, en vue d’établir la vérité. Mais, hélas, il y a des policiers qui ne respectent pas l’éthique de la police, a fortiori la conduite du sage philosophe ; ils se laissent corrompre par leur métier, comme les hommes politiques non vertueux, une fois qu’ils accèdent au pouvoir.

Suite à une sollicitation d’un neveu, j’ai tenu à proposer une modeste réflexion sur le métier de policier. Le coup de gueule de mon neveu est que la police particulièrement à Niamey ne fait pas convenablement son travail. Osons d’emblée l’avouer, la question de l’exercice normal de la fonction de policier au Niger et en Afrique en général est fort complexe. Loin de moi donc la prétention de la traiter exhaustivement, car son objet relèverait d’une véritable étude doctorale. Je me contenterai juste de montrer des cas de défaillances, mieux des infractions commises impunément par les agents de la police. C’est cette même police, à la solde de tout régime autocratique, qui un 9 février 1990 sur le pont Kennedy a ouvert le feu sur trois (3) de nos camarades. L’usage disproportionné de l’usage de la force par police, a contraint le président Ali Chaibou de considérer cet acte de « bavure policière ». L’assassinat le 6 décembre 2011 à Zinder d’un collégien (Mahamane Lamine Maikanti), vient corser la nature de la police : assassins d’étudiants. Que Dieu bénisse les camarades et leur accorde le paradis : « la patrie ou la mort nous vaincrons » !

Cette police ne respecte pas les droits de l’homme et viole de façon flagrante ses missions premières telles que stipulées par l’article12 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « La garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique ; cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux à qui elle est confiée ».

La police dans un Etat bien constitué, en tant que force publique instituée, a la mission de protéger les personnes et leurs biens ; d’apporter la sécurité aux citoyens au sens de l’article de 2 de la dite déclaration : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression ».

Or telle n’est pas la réalité en Afrique, et au Niger en particulier. Pour dire les choses terre à terre : les policiers au Niger se mettent d’abord en sécurité. Dans le langage quotidien, on dit que le policier travaille d’abord pour l’Etat : 50%, et ce qu’il extorque, ripouille (ripoux), il l’empoche. De fait, le travail annexe des 50% rentre dans sa trésorerie. Crûment, le policier aujourd’hui au Niger, n’est plus un simple agent de l’agent, mais un affairiste.

Pour celui qui connaît le Niger de la période qui va du président Seyni Kountché à la fin de la présidence éclaire d’Ali Chaibou, il est [permis] possible de dire que 80% des policiers vivaient à l’époque de leur salaire, et font bien leur travail. Mais depuis que le Niger était rentré dans des cycles ininterrompus de coups d’Etat, de transition en transition, de gouvernement militaire à gouvernement civil, le policier et le militaire ont appris à se sucrer contre les intérêts de l’Etat. La corruption, l’affairisme sont devenus des activités secondaires du policier.

J’aimais bien dire à mes élèves de terminales que le jour où au Niger on supprimera les chauffeurs de taxi, et les transporteurs de marchandises de tous genres qui arpentent les routes de la capitale, les policiers vont passer une vie de vache maigre, voire démissionner, car leur seconde vie est ombilicalement liée aux chauffeurs de taxi et des transporteurs.

Le policier au Niger s’enrichit sans vergogne aux yeux et au su de tous. Dans le segment de période que j’ai proposé [Kountché-Ali Chaibou], un policier ne pouvait pas avec son salaire se payer une moto suzuki, ou yamaha à l’époque. Or, aujourd’hui dans la capitale du Niger (Niamey), il y a des policiers qui ont des maisons à eux, des voitures, des motos, plusieurs femmes [signe que les affaires marchent] etc. Le salaire de l’Etat pour certains, est destiné à leur compte d’épargne bloqué.

Pour un policier qui a été placé à un endroit stratégique de la capitale, il ne peut que se frotter ses mains car la journée va être juteuse : contrôle de pièces  sur contrôles de pièces, la cible : les taxis et les camions et gros camions. Généralement vous les trouverez vers le rond Musée national, carrefour Palais des congrès, vers la montée El Nasr, vers le rond Lako, rond point Complexe, etc. J’ai même enregistré en vidéo un cas flagrant de peur panique d’un chauffeur de camion de Katako, qui voulant justement éviter les policiers, a perdu les pédales et s’est engouffré dans le bassin d’une fontaine juste à côté du Palais des Congrès. Heureusement qu’il y a eu plus de peur que de mal.

Du matin au soir les policiers ponctionnent les populations. Moi ami Mallam Wada et son Association de lutte contre la corruption et d’autres ONG, ont beau véhiculé des messages de lutte contre la corruption, cette prévention ne peut pas marcher dans le milieu des policiers. Partout, dans tous les secteurs ou vous rencontrerez un policier ou des policiers, ne soyez pas étonné : il ne travaille pas pour la République, il travaille pour se mettre dans la poche.

Si vous suffit simplement de vous présenter à un poste de police, ou au commissariat central : des hommes aux femmes [contaminées], tout le monde trafique, tout le monde « mange ». Pour avoir un papier qui demande juste une petite signature séance tenante, on ne vous l’établira pas tant que vous ne laissez pas une ou deux pièces, ou pour d’autres papiers, des billets de banque pour faire « accélérer », pour suivre de près votre dossier. Et quand ce sont des affaires criminelles, c’est du pareil au même. On ne met en prison que celui qui n’a pas de billets de banque pour glisser sous le bureau du chef, de l’officier de police. On ne dit pas que l’on corrompt, mais c’est pour la bière de l’officier.

Mais il n’y a pas que les chauffeurs de taxi et les chauffeurs de camions qui subissent les exactions des policiers, qui sont victimes de la « piraterie policière » ; les citoyens sont aussi las des pratiques des policiers : les motards, les belles bagnoles sont aussi des cibles privilégiées. Pour les motards ce sont des contrôles intempestifs de ports de casque, d’assurance, etc. Et en période de veilles de fêtes nationales ou religieuses, la police est à tous les artères de la capitale, on se croirait alors à une alerte de Tsunami.

Face à ces comportements dont la liste est longue à établir, les citoyens ne se sentent pas en sécurité avec des policiers corrompus, dépouilleurs des biens et des personnes. D’où notre question initiale : le policier exerce-t-il réellement son métier ? Quel devrait être alors le vrai métier de la police ?

Pour répondre à ces questions j’examinerais d’abord ce que n’est pas le métier de policier partant de cas éloquents ; puis je montrerai en comparaison avec la police en France ce qu’est le vrai métier de police.

►Le premier cas m’a été rapporté un jour par un autre neveu. Je vais donc vous exposer substantiellement les faits:

_« Nous étions 4 copains, me dit-il, et un week end j’ai pris la voiture des parents pour aller faire un show avec mes potes. Je sais bien conduire, mais je n’avais pas de permis à l’époque, c’est pourquoi généralement nous les jeunes nous circulons la nuit pour éviter la police la journée. Vers 22h j’ai pris la direction du plateau et je descendais vers le boulevard de la morgue nationale. Il y avait un feu de stop juste avant le bâtiment des Palais des Congrès. Comme il faisait tard, je me suis dis bof ! Certainement les « poulets=flics » se sont déplacés. Je ralentis et j’engageai sans respecter le feu rouge. Et malheur à moi, il y avait deux poulets [=policiers] embusqués qui nous ont barrés la route nous forçant à nous garer sur la bordure. Mon cœur sautait comme une cloche d’Eglise : le premier policier sans nous saluer nous intima l’ordre de descendre du véhicule et de lui présenter permis et les autres pièces de la voiture. Il les prit, puis retourna trouver son collègue. Il avait une torche, et jeta vite fait un coup d’œil sur les papiers. Mais comme je n’avais pas de permis, mon sort s’est gravé. Avec arrogance il revient vers nous, et dit :

_ Vous reconnaissez que vous n’avez pas de permis ?

_ Oui je chef, répondis-je !

_ Vous avez brûlé un feu, et vous avez exposé la vie de vos amis, et peut-être d’un autre s’il y avait un autre usager ?

_ Oui chef, je me rends compte maintenant.

_ Donc normalement c’est du pénal ?

Pénal ? Je n’ai pas compris ?

_ Je veux dire tu vas en prison, mon gars.

Dès qu’il a dit prison, j’ai compris que c’est pour me dire que mon cas est négociable. Parce que moi je n’ai tué personne pour aller en prison. Après il me dit va voir avec tes amis et réfléchissez. J’ai compris le message : ça veut dire rassembler ce que vous pouvez mettre dans nos mains pour faire passer l’amende. Nous n’avons au total que 5 000 cfa. Je partis les rejoindre et je lui susurrais en bas que j’ai un truc pour lui dans la main droite. Il prit la somme et fit mine de ne pas être satisfait, et nous ignora. Pendant au moins 1h, on ne connaissait pas notre sort. C’est seulement quand l’heure à laquelle ils devraient quitter leur position était arrivée, qu’il cria vers ma direction : Venez ! tenez et foutez le camp. Ils empochèrent nos maigres 5 000 cfa, et notre soirée tomba à l’eau. Cette histoire est donc un cas de corruption flagrant. Au lieu d’appliquer la loi, les policiers monnayent la loi.

►Le second cas est celui d’un petit voleur qui a défrayé la chronique dans le quartier Banizoumbou.

Ce jeune a créé la psychose, la panique et l’insécurité dans le quartier. Chaque nuit, une maison dans le quartier était victime de son passage : il prend systématiquement tout ce qui peut se vendre. La rumeur a fait une traînée de poudre jusqu’au chef de quartier qui a demandé aux jeunes du quartier d’organiser les nuits des patrouilles, et de siffler lorsqu’un groupe l’aurait appréhendé. Il a fallu une semaine pratiquement pour lui mettre la main dessus. Il avoua qu’il n’était pas du quartier, et qu’il quittait Yantala pour venir opérer à Banizoumbou. Le groupe qui l’a appréhendé l’a conduit au commissariat de Boukoki après l’avoir bien bastonné. Or, il se trouve que dès le lendemain un des hommes de la patrouille qui l’a appréhendé la veille le reconnut et lui demanda par quel diable il était encore dehors ? Avec un sourire au coin, il lui répond :

_ Hier, c’était hier. Vous m’avez bien rossé. Mais quand on est habitué aux policiers, on peut se tirer d’affaire. Chaque fois que je me fais choper, j’ai toujours un billet de 2500 cfa que je garde sous mon slip. La nuit on nous garde, et vers 8h l’inspecteur demande à son brigadier de libérer ceux qui ont donné l’argent de la bière.  Tu crois que l’inspecteur de police [O.P= officier de police] va veiller toute la nuit et rentrer chez lui les poches vides ? Rien que pour admirer nos sales gueules ? Ceux qui n’ont pas pu payer l’argent de la bière sont conduits au commissariat central, et de là-bas au tribunal de police. Et il continua son chemin. Putain alors se disait le jeune du quartier : si les voleurs ne peuvent pas aller en prison, nous serons toujours en insécurité. Quelle police !

Le rançonnage des filles de bars et des sisters.

Le Niger est un pays moderne et laïc. Ce dernier terme, les islamistes aujourd’hui ne veulent pas l’entendre en Afrique. Pour eux laïcité signifie dévergondage, licence, débauche, et j’en passe. Il y a cependant une réalité qui est manifeste aux yeux de tous, et ce depuis le régime de Seyni Kountché jusqu’à aujourd’hui : il y a plus de bars+Night clubs que de mosquées dans la capitale. Cette pléthore de Bars et night clubs répondent à des nécessités économiques. Les bars et les night clubs payent des taxes et des impôts chaque mois. Economiquement, ce sont des entités indispensables dans un Etat laïc qui respecte par ailleurs les libertés fondamentales des citoyens, le droit de commerce, etc. Bref. Revenons à nos moutons.

Dans les bars, il y a des filles qui travaillent, et généralement ce sont des filles qui viennent des pays de la côte : Bénin, Togo dont la plupart s’acquittent de leur permis de séjours, et des visites médicales. Dans l’année au moins deux à trois fois, les policiers en concertation avec le service de la police Judicaire, font des descentes (contrôles) dans les bars pour « ramasser » manu militari ces citoyennes d’un autre Etat, sans aucun ménagement : intimidations, insultes, bastons, coups de pieds dans le derrière, bref de la violence physique à la personne. Ce calvaire continue jusqu’au commissariat et à la Police judiciaire. Pour celles qui ne sont pas à jour, une amende est demandée, sinon la personne risque de passer des jours en garde à vue prolongée (3X 24H, et plus) comme si elles étaient des terroristes. Quand ces filles n’ont pas des sous sur elles pour payer l’amende, ce sont les copains (généralement des Nigériens) qui sont appelés en catastrophe la même nuit pour les faire sortir. Celles qui n’ont pas de copains attitrés, ce sont les familles, ou le gérant du bar qui vient régler le montant, pour se faire rembourser par la suite.

La violence sur les filles de bar doit cesser. Car en les bastonnant, en les rouant de coups, la police s’expose, commet délibérément un délit : violence physique sur une personne non violente. Aux dires des victimes, il paraît même qu’à la P.J (Police Judicaire), il existe de véritables instruments de torture. Comment dans ces conditions peut-on parler d’Ethique, de respect de la dignité humaine ? Avons-nous seulement des policiers professionnels ?

Dans les quartiers, normalement dans chaque quartier de la capitale, il existe des maisons closes le matin, mais ouverte la nuit. La nuit appartient aux sisters, les filles de joie, des sortes de Gïsha africaines à l’état pur : Nigérianes, Ghanéennes, et des nigériennes également. Leur calvaire, c’est encore la police, notamment les patrouilles de police. Quand la patrouille tombe par chance et par malchance sur un groupe de sisters, elles vont passer de sales quarts d’heures au commissariat de police du quartier, ou au commissariat central. Là-bas encore violences, insultes, maltraitance, des coups, etc. Certaines sont même agressées sexuellement. Il saute clairement aux yeux, la police abuse de son pouvoir contre les étrangers dans la capitale. Certaines patrouilles vont jusqu’à réclamer des sous aux sisters pour les libérer séance tenante. Pénalement, il y a rançonnage, ripouillage [ripoux]. Toutefois, il reste, selon une source digne de foi, qu’au meilleur ou au pire, certaines sisters sont les protégées des flics : rackettage, comme on en trouve de plus en plus dans les réseaux des El Hadjs : les puissants de la capitale.

Au total, on ne peut pas dire que la police est complètement pourrie, mais certains flics font du trafic, du fric contre l’Etat. Tous ces comportements de « pirateries policières », dégoutent les honnêtes citoyens qui n’ont plus confiance à certains policiers devenus vénaux. L’administration est juste une couverture pour exceller dans la pratique de l’extorsion de sous aux citoyens.

►Les El Hadjs, les grands commerçants voyous et les ripoux.

Lorsqu’on est El Hadj tout-puissant au Niger, on ne craint pas la police. Certains policiers sont les petits des El Hadjs. Quand un El Hadj commet une infraction à la loi, par exemple lorsqu’il écrase un individu avec sa voiture, ou qu’il est convoqué au commissariat par ce qu’il n’a pas respecté un contrat d’affaire, il ne se présente pas, il appelle son petit inspecteur qui s’occupera de l’affaire, parce qu’à la fin de la mission, il y a toujours une enveloppe pour l’inspecteur. Certains El Hadjs sont tellement puissants que leur seul nom suffit au policier de vous laisser partir. Les El Hadjs de Katako, du grand marché, ceux qui détiennent des parcs de vente de voitures, etc.

Lorsqu’on s’occupe de sécurité de publique, on ne peut qu’être abasourdi de constater avec quelle facilité, quel laxisme, aujourd’hui le privé s’immisce dans l’institution policière. Pour la simple et bonne raison que la police est mal payée et forcément corruptible. Le pire, est qu’aujourd’hui on a une police politisée et partisane. Et cette situation est pernicieuse pour les lois, la sécurité, les droits de l’homme et des citoyens.

Pour plier ce panier de faits, je m’en vais vous donner le cas le plus outrageant.

►Je rentre en 2010 à Niamey, depuis Paris Orly jusqu’à Casablanca, aucun Policier ne m’a emmerdé. Il a fallu atterrir dans mon propre pays pour qu’un policier ripoux me fasse la remarque : Tu viens de la France ? Oui ! Tu es étudiant ? Oui ! Etudiant, Etudiant ! Il vérifie mon passeport, mon titre de séjour ! Il traîne encore, il n’arrive pas à se résoudre à me mettre le cachet d’entrée. Quand il a compris que j’étais maintenant fâché, et qu’il n’aura aucun kopeck avec moi, alors je sortis ma carte de sécurité publique. Là il me sourit. Et il me répond : chef, c’était juste pour discuter. Il mit le cachet d’entrée à l’envers sans faire attention. J’étais dégoûté. J’avais l’impression de revenir huit ans en arrière où on pouvait glisser un billet de 1000cfa dans le permis pour avoir la paix avec un policier.

Ce comportement du policier m’a inquiété, car en matière de sécurité et de lutte contre le grand banditisme et le terrorisme, l’aéroport Diori Hamani devrait être une zone de haute sécurité. Mais maintenant, je doute fort, car ce ne sont pas tous les policiers qui sont blanches neiges.

Après avoir montré quelques faces sombres du métier de policier, abordons maintenant ce qu’est la quintessence, la substantifique moelle du métier de policier.

  1. Petite histoire de la police.

L’étude de la police en France a longtemps été un objet « sale », qui a suscité bien d’a priori, voire des appréhensions. La police n’aime qu’on fouille dans ses activités, dans son histoire. Il y a en effet beaucoup d’ombre derrière l’histoire de la police en général. La preuve est simple à établir, car jusqu’à aujourd’hui, les autorités de la police nigérienne refusent de faire la lumière sur les assassinats des étudiants du 9 février 1990, et celui du 6 décembre 2011 à Zinder d’un collégien. L’institution policière est prompte à mettre de l’opacité dans ses bavures, dans ses crimes, sans désigner de coupables. Toute son histoire est entachée de sang, car la police est <l’exécutrice des basses besognes> du pouvoir, hier, aujourd’hui comme demain. C’est donc peine perdue pour un universitaire de vouloir travailler scientifiquement sur un objet hostile à toute enquête, qui répugne la vérité sur elle-même. La vérité que vénèrent les philosophes et les honnêtes gens est confisquée, enfouie dans les abîmes de l’océan tel le Titanic.

Dans l’histoire de la police française, la vérité n’est pas aussi reluisante, car la police a participé « au génocide organisé par les nazis auxquels les autorités de Vichy ont livré des juifs recensés, raflés, internés par ses propres soins ».

Pour nos camarades assassinés, il y a un devoir de mémoire de la part des autorités de la République de permettre aux familles de savoir ce qui s’est passé, de consulter les archives de police. Même si les autorités cachent, et continuer de cacher la vérité, un jour, le « secret explosera », car le temps est le maître de toutes choses. Passons, maintenant très brièvement sur les missions de la police.

  1. Les missions de la police.

Le terme police, vient de polis (= cité, ou ville), et politeia (=constitution, ou régime, ou gouvernement). Dans La politique, Aristote fait de la politeia (la constitution idéale) le meilleur des Etats, à condition que cet Etat agisse bien, et que les citoyens soient heureux : « Or il est impossible d’agir bien selon le bien sans accomplir les actions bonnes, et il n’existe aucune action bonne, ni d’un homme ni d’Etat, sans vertu et sagesse pratique, et le courage, la justice et la prudence dans un Etat ont la même valeur et la même nature que les mêmes vertus dans l’homme individuel, à qui leur possession fait donner le nom de juste, de prudent et de modéré. » (La Politique, VII, 11323 b-35), en d’autres termes, on ne peut pas s’attendre dans nos Etats à une police honnête si à la base, il leur manque la vertu, et les autres qualités qui compose la justice et le bon ordre dans la cité. A ce propos Nicolas DELAMARE a raison d’affirmer : « L’unique objet de la police consiste à conduire l’homme à la plus parfaite félicité dont il puisse jouir dans cette vie… Elle a pour objet d’assurer aux hommes les biens de l’âme, les biens du corps et ceux qu’on appelle de la fortune. » (Histoire de la police, J.-M. Berlière).

Retenons que les missions de police est France sont assurées à la fois par la police et la gendarmerie. Nous avons les missions de police administrative et les missions de police judiciaires.

⃗Police administrative : est l’activité administrative qui vise à prévenir les troubles de l’ordre public, en assurant ainsi le maintien de la tranquillité, de la sécurité et de la salubrité. Elle a un rôle préventif de surveillance. Elle empêche que l’ordre soit troublé et intervient avant la commission de l’infraction. La ronde de nuit par exemple est un acte préventif efficace lorsqu’elle est réalisée régulièrement dans un secteur, mais elle devient judiciaire sur la base de renseignements avérés sur la préparation d’une infraction.

⃗Alors que la police judiciaire intervient après la réalisation de l’infraction (art. 14 CPP). Lorsqu’une information est ouverte, elle exécute les délégations des juridictions de jugements. Sa mission consiste à constater les infractions pénales, à en rassembler les preuves et à en rechercher les auteurs. Elle est typiquement judiciaire, car elle nécessite des enquêtes comme dans la fonction judiciaire.

Au total et pour faire court, il nous suffit simplement de s’appuyer sur le Code des délits et des peines du 3 brumaire an IV, pour constater que les missions de police sont des missions de protection publique, de tranquillité publique, et non comme en Afrique ou les missions sont altérées, perverties à cause de certains policiers complètement déréglés comme dirait Aristote dans l’Ethique à Nicomaque (livre VII).

Selon l’article 16 : « La police est instituée pour maintenir l’ordre et la tranquillité publique, la liberté, la propriété, la sûreté individuelle. ».

Article 17 : « Son caractère principal est la vigilance. La société considérée en masse est l’objet de sa sollicitude ». Commentaire : [Au Niger la vigilance a manqué, et a occasionné l’enlèvement la mort de deux jeunes français : Vincent et Antoine par un groupe de terroristes au bar le Toulousain, à quelques pas de la présidence de la République.] La sécurité et la vigilance sont à revoir à Niamey. Il faut que la police arrête de s’occuper de rechercher des prébendes et assure efficacement la sécurité des personnes et des biens.

Conclusion : 1°) Nous somme au cœur d’une nouvelle inquiétude sécuritaire au Niger, et en Afrique en général. J’ai l’intime conviction, que les autorités policières, l’Etat au premier chef, n’ont pas encore perçu la dangerosité de ce phénomène criminel, destructeur qu’est le terrorisme islamiste pour nos Etats. La détérioration, mieux la déflagration de l’Etat somalien aux mains des bandes de pirates et de Shebabs, suffit amplement à mettre en garde n’importe quel Etat sérieux. Car, ce qui est arrivé ailleurs, est en train de toucher les Etats Sahéliens. N’attendons pas d’aide du Ciel, mais recorrigeons nos institutions militaires et policières. Il faut que la sécurité au Niger soit la nouvelle devise de l’Etat. Halte donc à la corruption de la police, améliorer le traitement des policiers, reformer déontologiquement la police, mettre en place plus de dispositifs de sécurité depuis l’aéroport jusque dans les quartiers les plus sensibles : d’où la nécessité face au terrorisme de mettre en place un new plan Vigipirate au Niger. Aujourd’hui nous avons beaucoup de sociétés spécialisées en matière d’expertise sécuritaire, comme par exemple : S.E.A security  dont nous sommes partenaires: S.E.A security apporte un accompagnement opérationnel et de soutien logistique aux entreprises, en matière de sûreté-sécurité. Cette société fournit aux États, institutions, entreprises, entités et personnes potentiellement vulnérables faces aux menaces, actuelles et futures, des solutions de sécurité. S.E.A. Security permet d'anticiper la protection des personnes et des biens, des infrastructures, du patrimoine numérique et de l’échange des informations. Il existe donc des moyens techniques et technologiques pour faire face à l’insécurité, au terrorisme. L’Etat doit faire appel à de tels organismes pour protéger les citoyens, les biens et l’Etat. L’argent de l’Etat doit servir à assurer la sécurité que d’être détourné dans des comptes en Suisse. Aux grand maux, les grands remèdes.

 

2°) La formation du maintien de l’ordre par la police du Niger est à revoir, car on n’assure pas un maintien de l’ordre même dans les Etats européens en utilisant des armes létales contre les enfants du pays, contre des frères. Pour nous exprimer comme le Président F. Hollande, « moi Ministre de l’intérieur, ou Conseiller à la Sécurité Publique, jamais, et au grand jamais, je n’autoriserai l’usage d’armes létales contre nos citoyens. Il faut comme j’aime le dire souvent, utiliser les armes contre l’ennemi, contre les terroristes et non contre nos citoyens. C’est simplement de la bêtise politique.  

 

 

 

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